Qu'on se le dise d'emblée, il n'y a pas de symptomatologie dépressive unique et univoque. Comme nous le verrons plus loin, certaines dépressions possèdent même cette caractéristique d'avancer masquées. Souvent d'ailleurs, elle n'est tout simplement pas identifiée comme telle par la personne touchée, pas plus d'ailleurs que par son entourage. C'est plutôt la présence d'un faisceau d'éléments cliniques qui donnera l'alerte au médecin, au psychiatre ou au psychologue.
Globalement, la dépression est classée dans les nosographies (classification des maladies) parmi les troubles de l'humeur. C'est essentiellement l'humeur et le moral de la personne qui sont touchés, le rapport global à la vie, qui se ternit, se teinte d'anxiété, de pessimisme, de déplaisir.
Quelques symptômes classiques
Le DSM IV (outil diagnostic utilisé par les médecins, les psychiatres et les psychologues) propose une liste de symptômes auxquels il est possible de se référer. Notons quant à nous la présence (non exhaustive) des manifestations suivantes:
- La dépression est donc considérée techniquement comme un trouble de l'humeur. Commençons donc par celle-ci. Le moral est au plus bas. La personne dépressive présente souvent un important pessimisme. La tristesse est souvent au rendez-vous. Une tristesse que la personne dépressive n'explique pas et qui côtoie parfois le constat d'avoir pourtant tout pour être heureux... Autre manifestation liée à l'humeur : l'irritabilité dépressive.
- L'anxiété fait partie des grandes manifestations de la dépression. L'anxiété est un ressenti horrible lié à une sorte de peur diffuse, d'état d'alerte diffus, correspondant à une situation de danger permanent. L'anxiété est particulièrement éprouvante, d'autant qu'elle renvoie à un danger ou une menace à la fois invisibles et omniprésents.
- La personne dépressive ne voit pas d'avenir à court ou moyen terme. Ce pessimisme, poussé dans ses derniers retranchements, peut donner lieu à des idées suicidaires. D'un point de vue cognitif, la personne dépressive tourne en rond dans des pensées négatives dont elle ne parvient pas à sortir. Cela peut se manifester par des pensées du genre Ma femme va finir par me quitter, je vais perdre mon emploi et finir sous un pont tout seul.... Très classique et pas marrant du tout !
- Au niveau du plaisir, la personne dépressive présente souvent ce que les psychologues appellent de l'anhédonisme : les activités qui présentaient un intérêt ou procuraient du plaisir ne procurent plus rien ! Dans la même veine, la dépression se manifeste aussi sous les traits d'une disparition des sentiments et des émotions. Exemple classique : la personne dépressive peut être très inquiète d'avoir le sentiment de ne plus rien ressentir pour son conjoint.
- Au niveau de la perception de soi, c'est la dévalorisation qui prend le dessus. La personne dépressive a tendance à se replier, se couper de ses contacts, se percevoir négativement. Souvent, la culpabilité est présente. Ces situations peuvent être compliquées par l'irritabilité. Un grand classique : le personne devient désagréable, se fâche pour un rien, maugrée... et éloigne les autres qui parfois n'y comprennent plus rien.
- Sentiment général de fatigue, lourdeur, ralentissement. Cette notion de ralentissement est central. Tout semble difficile, insurmontable. Il faut se figurer que dans les situations de dépression les plus lourdes, c'est la douche ou le rasage du matin qui demanderont la mobilisation d'une énergie incroyable ! C'est cet aspect de la dépression qui est souvent mal compris, et perçu par l'entourage comme un manque de volonté ("S'il voulait vraiment, il pourrait").
- La dépression c'est aussi de l'insomnie, ou le contraire : de l'hypersomnie. Des troubles des rythmes (aller dormir à 3h du matin et se lever à 13h). Des troubles sexuels (perte de libido). Une consommation accrue d'alcool. Perte d'appétit ou au contraire boulimie.
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